Le Parisien
27/08/99
Galfione passe au travers Séville


D'aucuns se demanderont peut-être pourquoi Jean Galfione a boudé la première barre à 5,50 m, pour attaquer directement la finale à 5,70 m. Mais ce n'est pas avec des si qu'on met en bouteille un concours de saut à la perche. L'histoire est que Galfione, champion olympique et champion du monde en salle, a signé un zéro, hier soir, et tout le reste n'est que littérature. Il en avait manifestement très gros sur la patate au moment de commenter cet échec, qu'il n'analysait d'ailleurs pas encore. « C'est raté, c'est raté, déplorait-il, et je n'ai pas vraiment d'explications. La perche, ce n'est pas des mathématiques, et, même si cela fait mal, c'est pourtant comme cela. J'ai dû pécher techniquement, mais je n'en suis même pas sûr. Il me faudra probablement deux ou trois jours pour comprendre. » Pourtant, Jean Galfione était content de son échauffement. Il se sentait fort, et il avait pris d'emblée une grosse perche, du calibre de celles qui lui ont permis de sauter 6 mètres en mars dernier au Japon pour le Championnat du monde indoor, ou encore 5,98 m pas plus loin que le 23 juillet dernier, lors du modeste meeting d'Amiens. Il avait jugé « impeccables » ses sauts de mise en condition, se sentait « facile, peut-être trop facile ».

« C'est à l'image de ma saison »

Pour sa première tentative à 5,70 m, il s'est probablement envolé trop près des poteaux, ses tibias ont fait sauter la barre des taquets. Lors du deuxième essai, raconte-t-il, « il y avait beaucoup de vent, j'ai été décalé » : il n'a même pas achevé le saut, escamotant le renversé. Il dit s'être « appliqué » pour le saut de la dernière chance, mais en vain. « Sur cette troisième tentative, je n'ai aucune excuse. J'ai raté, que voulez-vous que je vous dise ? C'est à l'image de ma saison, j'ai toujours été à la recherche de mes sensations. » L'entraîneur Maurice Houvion pouvait tordre le nez, d'autant que l'autre Français de la finale, le champion d'Europe espoirs Romain Mesnil, avait préalablement échoué dans ses trois essais à 5,50 m. C'est bien plus tard que le Russe Maxim Tarasov a confirmé sa place de numéro un mondial, en allant décrocher la médaille d'or à 6,02 m. Dimitri Markov, Biélorusse naturalisé australien et médaillé d'argent avec 5,90 m, était lui aussi un des grands favoris. L'Israélien Averbukh, troisième avec 5,80 m, est en revanche une vraie surprise.

F.A.