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Jean Galfione, champion olympique et champion
du monde en salle de saut à la perche, a troqué le bleu du
ciel -où il est l'un des rares athlètes à avoir franchi
la hauteur encore mythique des 6 mètres- pour le bleu de la mer. Pour
l'association Jules Verne Aventures, qui tourne et réalise une série
documentaire consacrée aux îles des mondes perdus, il a
exploré Royale, Saint-Joseph et Le Diable, les trois ilots qui constituent
l'archipel des îles du Salut, au large de la Guyane française.
Pour Jules Verne Aventures, il a participé au tournage du premier
documentaire d'une série consacrée aux îles des mondes
perdus. |
Depuis plus d'un siècle, les Volumes de
Jules Hetzel, le libraire éditeur du 18 rue Jacob, à Paris,
se transmettent comme des témoins de génération à
génération. Le dernier des Mohicans, Vie privée et publique
des animaux
Une course aux titres, jamais finie, en caractères
dorés sur les larges dos couleur écarlate ou marine. Parmi
cette littérature éducative et d'aventure, souvent héritage
d'un ancien prix scolaire, les ouvrages de Jules Verne s'élèvent
comme un phare. Cinq Semaines en ballon, Voyage au centre de la
terre, Vingt mille lieues sous les mers... Au cours de son enfance,
Jean Galfione les a tous lus. |
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Deux prix d'excellence plus tard
-ceux de champion olympique de saut à la perche (Adanta, 1995) et
de champion du monde en salle (Tokyo, 1999)-, Jean Galfione entre au conseil
d'administration de l'association... Jules Verne Aventures. A 27 ans, il
devient "responsable des opérations de terrain". Ce n'est pas un hasard.
Jeune téléspectateur, le futur passeur de ciel ne manquait
jamais les documentaires du commandant Cousteau : "Je ne comprenais pas
comment on pouvait savoir autant de choses sur l'espace et en connattre aussi
peu sur le monde marin, cet univers à des inîlliers de mètres
de profondeur..." A 13 ans, Jean Galfione s'ancre pourtant dans
l'élément air. L'adolescent parisien découvre la perche
lors de son apprentissage du décathlon -sommet herculéen de
l'athlétisme où il brille régulièrement aujourd'hui
-, et décide alors d'épouser... la discipline du saut. Lui
dont la mère fut gymnaste internationale, dont le père escrimeur
participa aux J.O. de Tokyo (1964) et dont l'oncle fut champion olympique
par équipe au fleuret à Mexico (1968) choisît la "catapulte"
pour mode d'expression. Avec raison, celle de la passion : à l'Institut
national des Sports (Insep), il est repéré par Maurice Houvion,
l'un des grands entraîneurs du saut à la perche. Un "coach"
qui devient le sien sur une trajectoire montante. Un nécessaire verso
pour une pièce l'esprit et de situation (très physique) : la
compétition. Un alter ego aussi, dont il dit : "Nous ne sommes
pas comme père et fils, mais nous nous accordons une confiance
extrême. Nous partageons tout dans cette aventure commune : les joies,
les tristesses... et les coups de gueule." |
Vitesse, mental, force, technique,
qualités gymniques, stratégie... le jeune athlète progresse
dans cette discipline si complète. Et explose au haut niveau : recorman
de France cadet (1988), champion du monde junior (1990), six titres de champion
de France, deux couronnes suprêmes... sans oublier l'inoubliable accession
au sommet étoilé de ce jour, à Tokyo, lorsqu'il passe
la barre psychologique, et la limite encore mythique, des 6 mètres.
Un domaine où les acrobates se raréfient et où le
"tzarévitch" devenu ukrainien, Sergueï Boubka, règne seul
à une altitude supérieure dont il aimerait se rapprocher.
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Célébrité, parfois icône
de défilés de mode ou acteur de spots publicitaires, Jean Galfione
n'a pourtant pas oublié le bleu de la mer. Lui qui, depuis dix ans,
ne cesse de sauter d'un avion dans un autre pour concourir sur les stades
du globe, a préservé ce rêve d'aventure marine, celui
des illustrations des livres de Verne. Attaché à la Bretagne
maternelle, ne rêve-t-il pas de traverser l'Atlantique à la
voile ? Le tutoyeur d'azur aime d'ailleurs à côtoyer les grands
navigateurs, de "vrais aventuriers", auprès desquels ce jeune posé
de 28 ans n'hésite pas à modestement étalonner ses exploits
personnels : "Il faut constamment relativiser ce que l'on fait. Et, surtout,
ne pas se laisser griser par son image." |
La mer s'est rappelée à lui, sous
la forme des îles. D'abord l'île continent, l'Australie, et sa
ville au pied des montagnes bleues, Sydney, où il doit défendre
son titre de champion lors des J.O. de cet été. Où il
est déterminé à gagner : "L'Australie, c'est un
rêve de gosse. Ça me rappelle ces globes terrestres que les
professeurs nous montraient en classe. On nous désignait d'abord la
France, puis l'Australie, de l'autre côté du globe. L'Australie,
c'est le bout du monde, un pays de sport que j'espère avoir le temps
de visiter." |
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Et puis, pendant un mois, en 1999, il a exploré
les trois îlots d'un archipel au large de la Guyanne française
: Royale, Saint-Joseph et Le Diable, les îles du Salut. Pour Jules
Verne Aventures, il a ainsi participé au tournage du premier documentaire
d'une série consacrée aux îles des mondes perdus. |
Qui mieux que lui pouvait incarner cette mission
à la Indiana Jones pour une association qui a élu domicile
à l'Institut océanographique de Paris et dont le but est de
sensibiliser le grand public de lui faire partager l'expérience des
aventuriers et des scientifiques ?
Mais aussi, par des productions multimédias et son festival du film
Jules Verne, de déclencher chez les jeunes la passion de la
découverte, le désir de repousser les limites de l'inconnu,
et d'informer sur les problèmes environnementaux ? Pour Jean Galfione,
cette découverte des îles du Salut et de la région du
bagne de Cayenne a répondu à sa définition de l'aventure
: "Un mélange de sentiment de liberté et d'une envie de
rêver, de s'instruire et de se faire plaisir." |
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"Jean" adore découvrir de nouveaux horizons
et les présenter à ceux qui ne peuvent s'y rendre, et les deux
responsables de l'association qui l'accompagnaient dans ce périple
ont pu filmer ce collier d'îles un peu oubliées dans toutes
leurs dimensions. Habitants, faune, flore et vestiges d'une histoire terrible.
La France, en effet, dès 1851 avait organisé la " transportation
" de forçats " volontaires " vers les terres lointaines. En 1852,
le premier convoi mouillait à la royale, la plus garnde des îles.
La déclaration de Sarda-Garriga -le Commissaire général
de la République qui l'accompagnait- est restée célèbre
: "Mes amis, il n'y a pas sous le soleil de plus beau pays que celui-ci,
ni de plus riche. Il est à vous, le prince Louis Napoléan m'envoie
vous le partager
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Les vestiges, désormais corsetés
par la végétation, demeurent. Une mémoire, avec le bagne
de Cayenne, en laquelle persiste les souffrances de 60 000 forçats,
parmi lesquels Papillon, Seznec et Dreyfus. Au large du centre spacial de
kourou, les barreaux des géôles, toujours tendus comme autant
de perche empêchant l'envolée dans la libre beauté de
ces îles, ont frappé Jean Galfione : "La guyanne regorge
de contrastes, particulièrement celui du centre spacial voisinant
avec les îles du salut où Dreyfus purgea sa peine. Etrangement,
cela a un côté poétique." |
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Nous prêterons donc à jean Galfione,
amoureux des grands espaces et des éléments qu'il doit apprivoiser
lors des compétitions, les mots de Jules Verne. Ceux du Capitaine
Némo, mâitre du Nautilus, au professeur Aronnax : "La mer
n'est que le véhicule d'une surnaturelle et prodigieuse existence
; c'est l'infini vivant
La mer est le vaste réservoir de la
nature. C'est par la mer que le globe a pour ainsi dire commencé,
et qui sait s'il ne finira pas par elle
Là est la suprême
tranquillité. La mer n'appartient pas aux despotes
là
seulement est l'indépendance ! Là, je ne reconnais pas de
maître ! Là, je suis libre !".
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© mars 2000 - OH LA!
Interview : Thierry MATTEI
Photos : Patrick |
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