| D'autres ne s'y seraient pas risqués. Mais l'orgueilleux
	    Jean Galfione a voulu dépasser la douleur, oublier ses tendons d'Achille
	    abîmés, pour tenter d'aller défendre son titre sur le
	    sautoir du stade olympique de Homebush Bay. Il s'est hissé jusqu'à
	    5m55, mais pas plus haut, et la finale se disputera sans lui vendredi. Le
	    pari fou a échoué...
	     
	    Trop, c'était trop. "C'est lourd, une saison comme ça", a dit
	    Jean Galfione après avoir abandonné son titre olympique sur
	    une barre à 5,65m, en qualifications, mercredi au stade olympique.
	    "C'était une folie. J'ai voulu y croire jusqu'à la dernière
	    seconde".
	     
	    Le Français, opéré d'un pneumothorax fin mai, souffrait
	    depuis une quinzaine de jours de ses tendons d'achille. En fait, une vieille
	    blessure qui le contrarie depuis deux ou trois ans et qui s'était
	    réveillée au plus mauvais moment.
	     
	    Le doute planait sur sa participation à la compétition ici,
	    mais Jean était là, mais Jean voulait s'accrocher à
	    tout prix. "L'autre option, c'était de rester à la maison".
	     
	    Quinze jours de souffrance en Australie
	     
	    Galfione avait décidé de suivre l'équipe de France à
	    Narabeen et d'honorer son statut coûte que coûte. Un statut de
	    champion à l'opposé d'une Marie-José Pérec. "J'ai
	    passé quinze jours de douleurs à m'accrocher", dira-t-il avec
	    la gorge serrée.
	     
	    Et le voilà donc au pied de la montagne, dans la douce nuit de Homebush
	    Bay. Tout commence bien. Il n'a pas jugé nécessaire de recevoir
	    ses soins quotidiens dans l'après-midi. Il a dit au docteur Polin,
	    chef du staff médical, "ça ira comme ça".
	     
	    Galfione franchit aisément la première barre du concours
	    qualificatif à 5,40m. "Je suis bien parti". Avec des perches assez
	    grosses. C'est pourtant son tendon gauche, sur son pied d'appui, qui le fait
	    souffrir "dès l'échauffement. J'ai essayé de m'habituer
	    à la douleur".
	     
	    La hauteur suivante, c'est 5,55m. Jean Galfione passe là aussi dès
	    son premier essai. "Mais j'ai pris un choc à l'impulsion sur ce saut,
	    ça m'a fait encore plus mal".
	     
	    Quelle suite donner à sa
	    carrière?
	     
	    Le Français, plein d'orgueil, veut aller au bout de lui même.
	    Mais c'est trop. La hauteur suivante, les 5,65m il ne les franchira pas:
	    il passera à chaque fois sous la barre, ne réussissant pas
	    à s'arracher à l'attraction terrestre sur ses trois tentatives.
	    "Je passais trop près sur mon élan, rien à faire. Je
	    ne pouvais pas être suffisamment relâché. Mais je me suis
	    battu jusqu'au bout. Le rêve s'est écroulé".
	     
	    Jean Galfione ne peut que constater les dégâts : "Ça
	    se termine comme ça car le haut niveau ne supporte pas l'à
	    peu près".
	     
	    Et maintenant? "Je fais le break. Je ne sais pas quand je vais reprendre,
	    et si je vais reprendre".
	     
	    Une phrase tenue sous le coup d'une terrible déception, qui ne
	    présage toutefois pas encore d'une fin de carrière
	    prématurée. Laissons le réfléchir à tête
	    reposée...
	     
	    Tandis que Jean Galfione explique l'immensité de son désarroi
	    dans les entrailles du stade, une autre étoile se bat contre les outrages
	    du temps sur le sautoir olympique. Sa majesté Sergey Bubka. Qui
	    échoue trois fois à 5m70, sa seule barre du concours. Zéro.
	     
	    Salut les champions!
	     
	    |