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05/01/2000
Galfione: "A Sydney, ce sera la guerre"
Propos recueillis par Lionel Grillot



Photo : TempSport
Champion olympique en 1996 à Atlanta, Jean Galfione rêve d’un nouveau sacre à Sydney. A l’orée d’une année qu’il souhaite pleinement réussie, Jean Galfione se livre à cœur ouvert sur son échec de la saison dernière, sur les leçons qu’il en a tirées, sur les Jeux qui se profilent, sur Sydney et l’Australie. Pourvu que l’année 2000 ressemble à 1996.

Jean, avez-vous digéré votre échec lors des championnats du monde 1999?

Difficilement, je l’avoue. Ce fut très dur… J'avais misé énormément sur ces championnats du monde. J'avais donné beaucoup de moi-même, je m'étais beaucoup investi, cela faisait même longtemps que je n'avais pas été aussi en forme. Ce fut d'autant plus douloureux que la raison de mon échec n'était pas physique mais psychologique. Je n'arrivais plus à me mettre dans le coup, je me suis dit que j'étais peut-être fini… Il s’agit de la plus grosse déception de ma carrière !

Votre saison 1999 ne vous laisse toutefois pas que des regrets?

Il faut être clair. Mon objectif principal avoué, c'était les championnats du monde d'été à Séville. Je les ai ratés, à partir de là, je ne peux pas dire que ma saison est réussie… Et pourtant, l'hiver dernier, je suis devenu champion du monde en salle, ce n'est pas un titre au rabais, j'ai passé pour la première fois 6 mètres, j'ai même réussi quelques bons concours estivaux. Mais…

Comment expliquez-vous votre échec à Séville?

Par une petite démotivation, un abaissement de la "gnac" après mon titre en salle. J'ai bien continué à m'entraîner sérieusement, mais je n'avais pas la rage au ventre. Et puis, plein de petites choses sont venues s'ajouter à cela, et mises bout à bout, cela m'a conduit à douter, à manquer de confiance.

Quelles leçons en avez-vous tiré?

Des leçons d'humilité, notamment. Il faut que je retrouve cette "gnac" perdue durant l ‘été dernier. Mais cet hiver, je ne vais rien inventer. Je vais faire ce qui peut me mettre en confiance et je ne participerai pas à la saison en salle, si ce n'est un ou deux concours de perche et des épreuves combinées pour m'amuser. Je veux d’abord me remettre dans le coup moralement. La leçon que j'ai tirée enfin, c'est qu'il faut que je sois en manque de compétition.

L'aspect psychologique semble vous préoccuper davantage que les aspects physique ou technique. Pourquoi?

Parce que lors d'une grande compétition, tout le monde est en forme, bien préparé et le plus important, c'est donc de se sentir bien là-haut (il pointe son index sur sa tempe). C'est la confiance, la sérénité, qui nous départagent.

Vous semblez déjà dans le concours de Sydney…

C’est l’objectif de la saison, c’est tout. Et le jour de la finale, on ne se fera pas de cadeau, ce sera la guerre. Il n'y aura pas de calcul et j'ai su "effacer 1996".

Quels souvenirs gardez-vous de votre titre olympique?

Je retiens avant tout l'émotion que les gens ont pu connaître. C'est ce qui donne le plus de sens à mon succès. Je n'ai pas non plus le même regard sur ma médaille d'or. Je la vois comme une relique et elle m'inspire un éventail d'images énormes, inimaginables. Rien que de l'évoquer avec Maurice (Houvion), c'est chargé d'émotions encore plus fortes que sur le moment!

Défendre votre titre à Sydney vous inspire-t-il?

Oh oui. Car l'Australie, c'est un rêve de gosse. Ca me rappelle ces mappemondes que les professeurs nous montraient en classe. On nous désignait la France d'abord puis l'Australie, de l'autre côté du globe. L'Australie, c’est le bout du monde, c'est un pays de sport, un pays que j'espère aussi avoir le temps de visiter.

Alors, que doit-on vous souhaiter pour 2000? Un nouveau sacre olympique?

Ce serait un beau vœu ça.

Et au-delà du 2000, quel sera l'avenir sportif de Jean Galfione? On avait évoqué le décathlon…

Je me suis posé la question récemment et j'en suis arrivé à la conclusion qu'il me restait encore plein de trucs à faire à la perche. Je ferai un peu de 'déca' pour m'amuser mais je continuerai à faire de la perche jusqu’en 2004 à la perche. Je ne serai pas trop vieux. Comme quoi, ça doit aller mieux dans ma tête puisque j'ai toujours envie de me battre.